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Léontine Furcy est une sculptrice française autodidacte. Depuis la fin de ses études en droit et en communication, le stylisme, la mise en scène, la confection de décors pour le monde de l’audiovisuel ont représenté son premier pas vers une libération de la sensibilité érigée en quête, pour laquelle la rencontre avec le grès a constitué une étape décisive. 


Inspirée par l’exemple de sa mère graphiste, qui réalisait l’ensemble de ses productions à la main, Léontine Furcy part de gestes émancipateurs esquissés sur les pages de carnets de croquis qu’elle noircit quotidiennement. Léontine y cherche des gestes et des formes venus des tréfonds de la sensibilité, qu’elle monte ensuite avec une attention extrême, sur des plaques de terre chamottée, pour en conserver la légèreté et le mouvement originels.


Léontine Furcy a coutume de dire que ses formes penchent. Les créations de l’artiste, qui se décrit comme un être asymétrique, rendent palpable l’adage d’Edgar Allan Poe selon lequel il n’y a « pas de beauté parfaite, qu’une certaine singularité de proportions. » Ses figures sont autant de présences troublantes, qui semblent vouloir résister aux diktats de la beauté uniforme et rationalisée, qu’on véhicule sous l’idée du beau partout.


Numérotées en fonction de leur année de naissance et de leur place dans la série de leurs semblables, les pièces forment un tout que l’artiste désigne du nom de TRIBU. Il n’est pas rare qu’issues des arcanes de la mémoire et des émotions pré-verbales, elles finissent par trouver le chemin du langage familier. Elles reçoivent alors un nom propre ou commun, puisé au répertoire d’êtres réels ou imaginaires, animés ou inanimés, tels que Banquise, Tilleul, Héra, Le Glacier... 


Fruit d’une activité créatrice prolifique, les incarnations de TRIBU s’associent, forment des groupes, font éclater l’évidence des liens qui les unit, tout en résistant à leur séparation. C’est qu’elles semblent tenir à repeupler le vide qui les entoure, mais peut-être aussi le nôtre. Vide d’un monde en train de se dépeupler, mais aussi d’un langage employé à tort et à travers, que Léontine Furcy semble bien prête à ne plus tolérer qu’à condition d’en retrouver le sens charnel.

Texte de Samuel Monsalve

Photo de Vanessa Bosio

Merci mes amis!

photo @vanessabosio
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